Et on est là posés, collés, pas en prison, dans nos vies. Posés collés loin de nous. Loin de nos vies à se rappeler le son de l’eau qui coule. De l’eau qui gronde. Les vergers et les collines. C’était comment. Loin.
Immobiles et fixés, assignés à résidence tous ensemble mais isolés. Toutes ces années j’avais lutté ou laissé faire, je ne sais plus. Ça se mélange et s’agglomère, se stratifie et se dépose en couches fines d’amertumes et de sourires. C’est loin.
Je pense à mon ruisseau, je l’entend, jour et nuit scintiller et murmurer. Ma source fraîche. Mon repos et ma joie. Je tends la main vers ta peau blanche. Je suis trop loin.